Chapitre 13 - Il guérit toutes nos maladies...

Chapitre 13 - Il guérit toutes nos maladies...
Mon âme, bénis l’Éternel,
Et n'oublie aucun de ses bienfaits !
C'est lui qui pardonne toutes tes iniquités,
Qui guérit toutes tes maladies;
C'est lui qui délivre ta vie de la fosse,
Qui te couronne de bonté et de miséricorde;
C'est lui qui rassasie de biens ta vieillesse,
Qui te fait rajeunir comme l'aigle.
Psaume 103:2-5
En sortant de la fac de médecine, Lisbeth MacPelt se dirigea vers le restaurant universitaire de le rue Mabillon où elle avait l'habitude de prendre le repas de midi. Elle venait de passer la matinée à bachoter, car elle était en première année de médecine et son passage en seconde année était conditionné par le classement d'un concours.
C'était une jolie brune de dix-huit ans. Elle avait rassemblé sa chevelure, qui devait être magnifique, dans un sévère chignon, caché sous un simple foulard, à cause de la chaleur et s'était habillée sobrement d'un jean et d'un pull trop grand pour elle, car elle pensait que cela lui éviterait d'être importunée par d'éventuels prédateurs qui pouvaient pulluler dans ce quartier particulier de la capitale française.
Lisbeth n'aimait pas Paris. Elle comprenait son père qui, venant de prendre sa retraite, avait décidé de mettre en vente le pavillon qu'ils habitaient au Raincy, commune de l'Est de la banlieue parisienne, pour aller s'installer avec son épouse dans la ferme familiale située dans les Ardennes, dont celle-ci avait hérité à la mort de mémé Cécile et de pépé Henri. Le déménagement était programmé cet été et il lui fallait maintenant trouver un logement pour l'année suivante. Mais la perspective de devoir habiter une chambre de bonne, dans la solitude, loin de sa famille la rebutait. Son frère Johan lui avait suggéré de s'inscrire à la fac de médecine de Strasbourg, car il y effectuait ses études dans une école d'ingénieurs.
L'évocation de ses grands-parents lui fit penser à son ami qui portait le même prénom que son grand-père maternel. Elle avait rencontré Henri sur le banc d'un amphithéâtre où ils suivaient le même cours. C'était un garçon de haute taille, d'allure sportive, sûr de lui. Il était le fils d'un grand professeur de médecine, patron d'un service des Hôpitaux de Paris. Il avait décidé de suivre les traces de son père pour embrasser une carrière dans la médecine.
Le matin en arrivant à la fac, elle constata que son ami était absent. Quelques fois elle avait du mal à comprendre la désinvolture avec laquelle il se préparait au concours. Certes, il était brillant. Mais elle-même, non dépourvue d'intelligence, avec de bons résultats aux partiels, n'aurait jamais osé négliger le moindre effort qui pouvait améliorer son classement.
La journée était déjà particulièrement chaude pour la saison. Les fenêtres des cuisines étaient ouvertes. Et Lisbeth, en arrivant aux abords du restaurant universitaire, fut incommodée par les émanations qui se répandaient dans la rue. Elle décida d'aller dans le petit bistrot qui permettait aux étudiants du quartier de rompre avec la monotonie de l'ordinaire. Elle espérait peut-être aussi y retrouver Henri qui avait l'habitude d'y prendre quotidiennement ses repas. Ne voulant pas s'exposer en terrasse, elle opta pour une petite table isolée au fond de la salle.
Peu de temps après, elle vit arriver Henri avec ses amis. Contrairement aux autres garçons qui l'accompagnaient, qui changeait fréquemment de partenaires, elle ne l'avait jamais vu en compagnie d'une autre fille qu'elle-même. Et elle appréciait beaucoup la constance de son ami. Ils s'attablèrent tous en terrasse, jusqu'à ce que l'un d'eux l’aperçoive.
— Tiens, sœur Marie-Lisbeth est déjà là, dit un garçon en montrant Lisbeth à Henri.
Celui-ci se mit à rire. Ce qui blessa Lisbeth. Mais Henri, s'excusant auprès de ses amis, les abandonna pour la rejoindre. Elle se leva pour lui faire la bise.
— Tu n'étais pas au cours de bachotage ce matin, lui reprocha-t-elle.
— Bah, je n'en ai pas besoin, lui répondit-il.
— Que feras-tu si tu rates le concours ?
— Je ne le raterai pas. Et puis au pire, je peux redoubler.
— Mais comment peux-tu en être si sûr ?
— Connais-tu le serment d’Hippocrate ?
— Oui ! C'est le serment que prêtent tous les médecins les engageant dans une déontologie commune de service envers leurs semblables. Je le connais par cœur.
— Je te cite une phrase :
Respectueux et reconnaissant envers mes Maîtres, je rendrai à leurs enfants l'instruction que j'ai reçue de leurs pères.
— Et tu interprètes cette phrase comme une assurance parce que tu es le fils d'un grand patron de l'Assistance Publique, s’offusqua-t-elle. Tu oublies l’essentiel du texte de ce serment. Mais c'est quoi la médecine pour toi ? demanda-t-elle.
— Un moyen de gagner honorablement de l'argent pour t'assurer du bien être à toi et à nos enfants lorsque nous serons mariés. Tu es trop sensible. Tu as une vue trop altruiste. Tu le vois comme une vocation.
— Mais c'est une vocation ! affirma-t-elle. Vous m'appelez toujours comme ça, quand vous parlez de moi entre vous ?
— De quoi tu parles ?
— De Sœur Marie-Lisbeth.
— Ah ! Tu as entendu. Je suis désolé. Mais, tu sais, c'est surtout affectueux.
— C'est aussi très méprisant, remarqua-t-elle.
— Mais aussi, c'est ton coté catho. Nous sommes au XXème siècle.
— Et alors ?
Lisbeth n'avait jamais caché à ses camarades sa foi en Dieu. Sans aller jusqu'à ce qu'elle jugeait un peu excessif chez ses cousins écossais Sharon et Michael, elle pratiquait la religion catholique et assistait régulièrement, avec ses parents, à la messe du dimanche. Elle avait néanmoins beaucoup d'interrogations quant au sens de la vie, pourquoi il y avait autant d'injustices, de maladies dans le monde, comment Dieu, s'il était vraiment emprunt d'amour, pouvait-il tolérer tout cela. Comme l'avait souligné Henri, elle avait une grande sensibilité aux souffrances qu'éprouvaient les autres. C'est pourquoi elle avait envisagé très tôt de devenir médecin. Chez les Guides de France, elle s'était toujours occupée de l'infirmerie, sachant trouver intuitivement les gestes qui calmaient et soulageaient les personnes qu'elle avait à soigner.
— Tu seras au bachotage, cette après-midi ? reprit-elle.
— Pas la peine ! répondit-il. Je comptais passer l'après-midi avec toi.
— Je suis désolée, mais moi, je n'ai pas tes relations pour assurer mon classement au concours.
— Mais ça n'a pas d'importance ! Quand nous serons mariés, tu n'auras pas besoin de travailler.
— Dois-je comprendre que tu n'envisages pas qu'un jour, je puisse, moi aussi, passer mon doctorat et exercer la médecine ?
— Mais si ! S'exclama-t-il, s'apercevant qu'il venait de faire fausse route. Je t'en supplie, reste avec moi cet après-midi. J'aimerai t'amener chez moi.
— Chez tes parents ? demanda-t-elle dans l'espoir de leur être enfin présentée. Car il venait, par deux fois d'évoquer leur mariage.
— Euh ! Non ! Ils ne sont pas à Paris en ce moment. Tu sais, j'ai un studio, ajouta-t-il en jetant un regard furtif vers ses amis restés dehors.
En surprenant ce geste, Lisbeth discerna tout à coup qu'il ne la considérait pas comme un futur médecin, mais comme une belle potiche qu'il pourrait exhiber aux soirées mondaines qu'il avait parfois évoquées en espérant ainsi la séduire. A l'attitude des garçons sur la terrasse, elle soupçonna même Henri d'avoir parié avec eux qu'elle lui céderait avant les vacances. Son soudain empressement n'était probablement motivé que par l'approche du concours qui clôturait l'année scolaire, mettant ainsi un terme à ses prétentions. Elle comprit que son apparente assiduité vis à vis d'elle ne se justifiait justement, que parce qu'elle ne lui avait encore rien accordé. Pendant le repas, Henri lui avait tenu des propos dont plusieurs l'avaient profondément blessée. Mais cette soudaine révélation venait de l'anéantir et elle fondit en larme.
— Ne le prends pas comme ça, lui dit Henri, cherchant à lui caresser les cheveux pour la consoler.
— Non ! Laisse-moi, lui cria-t-elle en le repoussant. C'est fini. De toute façon, l'année prochaine, je serai à la fac de Strasbourg.
— Mais ce n'est pas possible ! Tu ne vas pas me laisser tomber comme ça. Qu'est-ce que tu vas aller faire en Allemagne ?
— Tu viens de te révéler encore plus crasse que je ne pensais. Il n'y a pas que Paris sur la terre. Strasbourg est en Alsace, en France, lui signala-t-elle en se levant pour partir.
Il chercha à la retenir, mais elle s'enfuit en courant. Du coup, elle n'alla pas non plus au bachotage programmé l'après midi. Elle prit le métro pour la Gare de l'Est où elle comptait prendre le train pour rentrer chez elle. Pendant le trajet, elle repensa à ce qui venait de se passer. Henri, qu'elle croyait son ami, s'était conduit d'une manière qu'elle jugeait ignoble. Même son frère Johan, qu'elle considérait souvent comme le roi des machos, n'aurait jamais osé ce qu'il venait de faire.
Décidément, elle n'avait pas de chance avec les garçons auxquels elle s'attachait, songea-t-elle. Peut-être était-ce parce qu'elle était trop exigeante. Elle avait tendance à les comparer systématiquement avec son frère Johan et son cousin Michael. Et elle se rendait compte qu'à l'aune des valeurs dont ceux-ci avait héritées de la famille MacPelt, la barre était placée très haut.
Malgré leurs chamailleries permanentes lorsqu'ils étaient ensembles, elle adorait son frère. Depuis qu'il était parti faire ses études à Strasbourg, il lui manquait terriblement. Au début de l'année, il rentrait à la maison tous les week-ends. Mais à partir de Noël, il n'était revenu que pour les vacances. Et elle ne l'avait pas revu depuis Pâques.
La dernière fois qu'ils s'étaient retrouvés, ils avaient eu une longue discussion au cours de laquelle, Johan lui avait relaté, sa rencontre avec Les Navigateurs, et ce qu'il appelait sa conversion. Elle avait du mal à entendre ce mot dans la bouche de son frère. En effet, tous deux avaient été baptisés et éduqués dans la foi chrétienne, et ce terme signifiait pour elle un changement alarmant de religion. Dans son inquiétude, elle avait écrit à Sharon, car après ce qu'ils avaient vécu ensembles l'été dernier, sa cousine représentait pour elle une référence dans le domaine spirituel.
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Celle-ci connaissait bien Les Navigateurs. Elle-même participait activement, avec Kathleen et son fiancé Peter, au ministère qui s'était développé à Glasgow dans le milieu universitaire. C'est ainsi que Lisbeth apprit qu'il s'agissait d'une association dont le but était de former des disciples selon le précepte indiqué par Saint-Paul dans la deuxième épître à Timothée :
Toi donc, mon enfant, fortifie-toi dans la grâce qui est en Jésus-Christ. Et ce que tu as entendu de moi en présence de beaucoup de témoins, confie-le à des hommes fidèles, qui soient capables de l'enseigner aussi à d'autres.
II Timothée 2:1-2
Il ne s'agissait pas, comme elle le craignait, de changer d'église ou de religion, mais de suivre les pas du Christ en entretenant une relation personnelle avec Dieu à travers la prière, l'étude et la méditation de la Bible.
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La réponse de Sharon la rassura, malgré les concepts, encore abstraits pour elle, qu'elle avait utilisés. Elle avait vu son frère sombrer dans la dépression pendant le premier trimestre. Ils s'étaient beaucoup amusés, à Noël, quand il lui avait raconté le bizutage de son école, car il avait un réel talent de conteur, sachant souligner les anecdotes savoureuses de son histoire. Mais elle avait senti à travers les changements de ton imperceptibles que tout ne devait pas avoir été aussi distrayant qu'il voulait bien le laisser paraître.
Elle le savait très sensible, bien qu'il cachât sous un orgueil et un égocentrisme démesurés les souffrances qu'il éprouvait et qui se traduisaient souvent par de violentes colères. L'été dernier, elle l'avait surpris pleurant, serrant dans ses bras les deux enfants qu'il pensait avoir blessés par ses propos acerbes. Mais les deux dernières fois qu'il était revenu à la maison, elle avait remarqué un changement appréciable dans son comportement. Elle le vit heureux, plus sûr de lui, plus mûr. Et il ne cherchait plus à dissimuler ses émotions : lorsqu'il lui avait raconté la nuit de sa conversion, il avait les larmes aux yeux et elle en fut elle-même très émue. Il ne cherchait plus à la provoquer systématiquement, ni à la chamailler. Au contraire, il était plein de gentillesse et d'égards envers elle, accentuant encore l'écart par rapport à ce qu'elle venait de vivre avec Henri, qui pourtant se prétendait amoureux d'elle.
Lorsque leur père leur annonça qu'ils allaient déménager, la nécessité de devoir chercher un logement à Paris la tourmenta un moment. Lisbeth était partagée entre l'inquiétude d'avoir à habiter un studio dans la solitude, et la crainte de devoir souffrir une colocataire difficile dans un appartement plus grand. Elle avait même envisagé de se mettre en ménage avec Henri, au risque de scandaliser toute la famille. Mais après ce qui s'était passé ce matin, ce n'était plus concevable. Et cela contribua à augmenter encore sa répugnance à rester dans la capitale. Elle repensa à l'idée émise par Johan, qu'elle avait lancé tout à l'heure à Henri pour le provoquer, qu'elle puisse poursuivre ses études à Strasbourg. L'hypothèse lui parut tout à coup séduisante et pratiquement réalisable. Et elle prit la décision de demander à son frère de l'aider dans sa démarche et d'entamer les formalités dès les concours terminés.
Arrivée chez elle, Lisbeth trouva la maison vide. Ses parents devaient être sortis. La solitude lui pesait. Elle éprouvait le besoin de parler à quelqu'un. Elle tenta d'appeler au téléphone le Foyer de l'Ingénieur, là où se logeait son frère à Strasbourg, sans grand espoir, car il devait être en cours à cette heure là. Mais au moins, elle put lui laisser un message pour qu'il la rappelle dès son retour. Puis elle se dirigea vers le salon pour allumer la télévision, histoire de rompre le silence pesant. Elle s'installa confortablement devant le poste. Heureusement, à cette heure là, il y avait une émission qu'elle appréciait sur la troisième chaîne. Et cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas eu l'occasion de la suivre.
Vers 16H30, le téléphone sonna et elle se précipita pour répondre.
— Allo ! C'est Johan !
— C'est Lise, à l'appareil.
— Il y a un problème ? demanda son frère inquiet car il recevait rarement un appel de sa famille en plein après-midi.
— Non ! Non ! C'est juste que j'avais envie de te parler.
— Ça ne va pas, toi ! constata Johan qui percevait un malaise à travers la réponse de sa petite sœur.
— Mais si, ça va ! Mentit-elle. Je t'appelais juste par rapport à ta proposition de continuer mes études à Strasbourg. Enfin de compte, je pense que c'est la meilleure solution.
— Qu'est-ce qui t'a convaincu, comme ça, tout à coup ?
Johan avait l'intuition que quelque chose d'important, sinon de grave venait d'arriver à sa petite sœur. Mais Lisbeth hésitait à lui en parler. Un bruit dans la serrure de la porte d'entrée lui permit d'éluder la réponse.
— Attends ! interrompit-elle, Papa et Maman viennent de rentrer. Je suis au téléphone avec Johan, lança-t-elle à ses parents.
— Il y a un problème ? demanda sa mère. Lise, tu me passes Johan dès que tu as terminé. J'aimerai lui parler.
— Non ! Non ! Rien d'important ! Mentit-elle à nouveau.
Il y eut un silence. Lisbeth n'était pas prête à se confier, surtout que maintenant ses parents étaient dans le voisinage. Johan, ressentant fortement le trouble de sa petite sœur, devinait que quelque chose l'avait bouleversée. Après quelques instants de méditation, il reprit la parole.
— Tu sais ce qui me vient à l'esprit ? demanda-t-il.
— Non ! Vas-y !
— Ce serait bien que tu viennes à Strasbourg la dernière semaine de juin. Mes cours se terminent le 23. D'ici là, tu auras les résultats de ton concours. On pourra passer la semaine ensemble à effectuer les formalités pour ton inscription. Et après, si tu le veux, tu m'accompagneras au camp dans les Vosges organisé par les Navigateurs. C'est du 1er au 8 juillet.
— OK on fait comma ça ! Acquiesça-t-elle après un moment d'hésitation, car l'éventualité de supporter l'austérité d'un camp dans les Vosges ne l'enchantait pas plus que ça. Attends avant de raccrocher, ajouta-t-elle. Maman veut te parler.
Elle passa le combiné à sa mère qui s'était approchée. Elle entendit sa mère, demander des nouvelles à Johan, s'informant sur la date de son retour afin de pouvoir programmer précisément leur déménagement, pour qu'il puisse être présent pour les aider. Les quelques moments passés au téléphone avec son frère, avait permis à Lisbeth de se remettre. Et l'idée de passer deux semaines avec Johan lui ouvrait une perspective positive qui la rasséréna.
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En descendant du train en gare de Strasbourg, le lundi qui précédait le camp, elle emprunta le passage souterrain qui l'amena vers la salle des pas perdus. Son frère Johan l'y attendait. Elle se dirigea vers lui et l'embrassa, pendant qu'il lui prenait son sac à dos. Ils se dirigèrent vers la sortie pour prendre le bus.
— Nous allons déposer ton sac dans ma chambre au Foyer, puis nous irons manger au resto-U de l'Espla avant d'aller au CROUSS1. C'est un peu tard pour les demandes d'hébergement, mais je pense que tu pourras bénéficier d'une chambre au FEC2, l'année prochaine.
— Pourquoi pas dans ton foyer ? Il y a des filles maintenant à l'ENSAIS.
— Je ne suis pas sur que ce soit une bonne idée. C'est vrai que maintenant, un étage, ou plutôt une partie d'un étage, est réservé aux filles. Mais elles restent très minoritaires. En plus, les sanitaires, lavabos, douche et WC se trouvent en dehors des chambres. Le bizutage est prétexte à des saouleries pendant lesquelles tous ces abrutis ne savent plus trop ce qu'ils font.
— Mais d'après ce que tu m'as raconté, le bizutage ne dure que les deux premiers mois de l'année.
— Mais il y a aussi les graillous organisés pour célébrer les anniversaires ou les victoires à tel ou tel tournois sportif. Je n'ose imaginer ce qui pourrait t'arriver.
— Si l'ambiance du Foyer est si pourrie, pourquoi persistes-tu à y habiter ? On pourrait aussi prendre un petit appartement pour tous les deux.
— Peut-être parce que ça me donne l'occasion de ramener les brebis égarées au bercail, répondit-il, en pensant à son engagement spirituel à devenir disciple de Jésus. Et puis il y a certainement des esprits tordus qui y trouveraient à redire.
— Alors, où vais-je loger ce soir ?
— Chez Annie, une amie. Il n'y a rien entre nous, se hâta-t-il d'ajouter à cause du regard moitié interrogatif, moitié ironique de sa sœur. Mais elle a eu la gentillesse de me proposer de t'héberger en attendant que tu ais ta chambre au FEC. Ce soir je te conduirai chez elle et après nous irons tous ensembles déguster une flammenkueche.
En entrant dans la chambre de son frère, au Foyer de l'Ingénieur, Lisbeth remarqua le soin avec lequel Johan avait mis en valeur les quatre portraits dessinés par Megan, la petite autiste de Galdwinie dont le handicap avait disparu après sa conversion l'année précédente. Ceux-ci représentaient Megan elle-même, Kathleen, la jeune fille qui l'avait amenée au Seigneur, Sharon leur cousine dont son frère avait été épris, et son portait à elle. A la vue du portrait de Sharon, elle repensa à ses propres problèmes sentimentaux et son cœur chavira.
— Toi, tu ne vas pas bien, remarqua Johan. Tu veux qu'on en parle ?
Lisbeth lui raconta ce qui s'était passé avec son ancien ami Henri.
— J'avais tout misé sur lui, dit-elle en éclatant en sanglot.
— Je comprends, dit-il en la serrant dans ses bras pour la consoler. J'ai vécu ça aussi l'été dernier.
— Tu es toujours amoureux de Sharon, dit-elle sur un ton entre la question et la constatation.
— Je ne sais pas si amoureux est le mot juste. Disons qu'elle compte énormément pour moi.
— Mais comment vis-tu la situation maintenant ?
— Je pense que cet amour venait de Dieu... même s'il n'était pas pour moi. Du moins pas au sens où je le croyais. Parce que je sais que Sharon a conservé beaucoup d'affection pour moi. Depuis l'été dernier, je me suis aperçu qu'elle n'a plus l'exclusivité. Car, même s'il y a des nuances importantes, j'éprouve pour Megan, pour Kathleen et même pour toi, des sentiments qui ressemblent à ce que je ressens maintenant pour elle. Et vous êtes les quatre filles les plus formidables que je connaisse, dit-il en désignant les quatre portraits. Dans la Bible, dans un passage qui décrit l'épouse idéale, il y a un proverbe qui dit :
Plusieurs filles ont une conduite vertueuse;
Mais toi, tu les surpasses toutes.
Proverbes 31:29
— Je suppose que la femme que Dieu m'a réservée se révélera avec une grande évidence, quand le moment sera venu.
— Ça place la barre très haut. Je crains fort que le niveau de nos exigences ne nous entraîne dans la voie du célibat. Si le curé de Notre-Dame au Raincy nous voyait dans cet état d'esprit, il t'orienterait toi direct vers le grand séminaire, et moi vers un couvent de Géraldines.
— Pourquoi dis-tu ça ?
— Parce que Henri et ses copains m'avaient surnommée Sœur Marie-Lisbeth.
— L'été dernier, Grand-Père m'a fait lire le chapitre 7 de l'épître de Saint-Paul aux Corinthiens qui traite du mariage et du célibat. Et depuis j'ai aussi médité la parole de Jésus dans l'évangile :
Ses disciples lui dirent: Si telle est la condition de l'homme à l'égard de la femme, il n'est pas avantageux de se marier.
Il leur répondit : Tous ne comprennent pas cette parole, mais seulement ceux à qui cela est donné. Car il y a des eunuques qui le sont dès le ventre de leur mère; il y en a qui le sont devenus par les hommes; et il y en a qui se sont rendus tels eux-mêmes, à cause du royaume des cieux. Que celui qui peut comprendre comprenne.
Matthieu 19:10-12
— Tu comptes t'orienter vers le sacerdoce ? demanda Lisbeth.
— Franchement non. Certains pourront interpréter ces textes pour préconiser le célibat. Mais d'autres passages des Écritures montrent que Dieu bénit le mariage. Personnellement, je n'ai trouvé aucun élément pour trancher en faveur de l'une ou l'autre des situations. Et je ne me sens aucun goût pour le célibat. Mais je pense que Dieu a un plan précis pour moi pour que je sois heureux. Et j'ai décidé de lui faire confiance. Disons que pour le moment je vis une période de célibat. Mais j'espère que celle-ci sera suivie par une merveilleuse rencontre.
— Mais si celle-ci ne se produit jamais ?
— C'est déjà un grand privilège que d'avoir l'affection de quatre filles géniales, les Quatre Perles de Galdwinie, comme vous surnomme Granny.
Ayant déposé le sac à dos de Lisbeth dans la chambre, ils se dirigèrent vers le resto-U pour prendre le repas de midi. Puis ils entreprirent quelques démarches, ce qui permit à la jeune fille de commencer à se repérer dans la ville. En fin d'après-midi ils retrouvèrent John et Régis au Foyer. Johan fit les présentations.
— Voici Lise, ma petite sœur, dit-il en s'adressant aux deux garçons. Et voici, Régis, mon père spirituel et John mon grand-père spirituel en quelques sortes, ajouta Johan.
— Bonjour, dit Lisbeth en leur tendant la main.
Lisbeth retint un rire en entendant les propos de son frère, car les trois garçons avaient à peu près le même âge. Elle comprit qu'il existait comme une relation de maître à disciple entre John et Régis, puis entre Régis et son frère Johan. Ce qui l'étonna fort, car elle avait du mal à imaginer celui-ci accepter les conseils et surtout les remontrances de qui que ce soit, aussi douces et bienveillantes soient-elles.
— Nous allons prendre ma voiture pour te conduire chez Annie, proposa Régis.
— Il y en a une en état de marche ? Questionna Johan en plaisantant son ami, car celui-ci, passionné de mécanique, occupait trois places de parking dans la cour du Foyer, passant une grande partie de ses loisirs à tenter de maintenir en service l'une de ses autos en prélevant des pièces sur les deux autres.
Annie partageait un appartement du quartier de l’Esplanade avec deux autres étudiantes chrétiennes comme elle. Ils furent accueillis par Christine, l'une des colocs, car Annie n'était pas encore rentrée de son cours. Celle-ci, prévenue, désigna l'une des pièces à Lisbeth pour qu'elle puisse s'y installer. Annie ne tarda pas à arriver et les six jeunes gens se répartirent dans les voitures de celle-ci et de Régis pour se rendre au restaurant où ils avaient prévu de passer la soirée.
Celui-ci se situait à Pfulgrisheim, un petit village typique situé au nord de Strasbourg. Ils avaient réservé pour une flammenkueche, la fameuse tarte flambée alsacienne. C'est une pâte à pain étalée très fine, recouverte d'un mélange de crème et de fromage blanc, d'oignons et de petits lardons, cuite au feu de bois dans un four. Celle-ci est servie sur une planche en bois. Ce mets est l'objet d'une réunion conviviale car chaque tarte peut être commandée à volonté et partagée entre les convives.
Ils s'attablèrent tous les six autour de la table qui leur avaient été assignée. Ils firent leur commande auprès de la serveuse. Et lorsque la première tarte flambée fut déposée devant eux, Lisbeth eut la surprise de sentir Annie et Johan, qui étaient assis de chaque coté, lui saisir chacun une main, pendant que John commençait une prière d'action de grâce.
— Seigneur, je te remercie pour cette journée qui s'achève. Merci de nous avoir réunis ici ce soir. Bénis ce repas que nous allons prendre ensemble. Merci pour ta présence avec nous, car tu nous as dit :
Car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d'eux.
Matthieu 18:20
— Nous te prions au nom de ton fils Jésus. Amen !
— Amen ! firent-ils tous.
Lisbeth fut interloquée par cette pratique qu'elle jugea ostentatoire. Certes elle était habituée à réciter les grâces avant les repas car c'était une coutume à Galdwinie que Grand-Père avait beaucoup à cœur de respecter. Mais de là à le faire comme cela, en public, dans un restaurant... Régis qui l'observait, remarqua son trouble.
— Le fait que des chrétiens se trouvent assemblés dans un restaurant est aussi une occasion de témoignage, expliqua-t-il. Sans doute que des personnes remarqueront la différence produite par ces petits riens qui nous distinguent des autres. Autant qu'ils sachent ce que nous sommes.
Lisbeth trouva la remarque de Régis un peu prétentieuse, car cela sous-entendait une supériorité des chrétiens sur les autres. Mais force lui fut d'admettre que le comportement calme et bienveillant de ses compagnons était très différent de celui des tables avoisinantes où les convives était bruyants, avinés, méprisants et exigeants pour le personnel de service. Et sa préférence s'orientait en faveur des amis de son frère. La discussion qui portait sur les détails de leur vie estudiantine, bien que constellée de blagues et d’anecdotes amusantes, n'avait rien ni de grivois, ni de vulgaire. Ils manifestaient les uns pour les autres une grande affection fraternelle. Et cela se manifesta jusque dans la manière avec laquelle ils réglèrent la note, très différentes des foires d'empoigne auxquelles elle avait assisté à Paris, s'accordant pour la diviser en cinq comme si ils la considéraient tous comme leur invitée.
Johan et Lisbeth passèrent le reste de la semaine à faire les multiples démarches pour permettre à celle-ci d'intégrer la fac de médecine de Strasbourg en deuxième année à la rentrée.
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Le samedi matin, Lisbeth se leva de bonne heure pour boucler son sac à dos. Elle entendait Annie et Christine qui devaient être en train de préparer le petit déjeuner. Son frère Johan ne tarda pas à arriver avec John et Régis. Les garçons avaient fait un détour par la pâtisserie et ils avaient apporté un kougelhopf, une brioche alsacienne et des croissants. Les six jeunes gens prirent leur petit déjeuner ensemble avant de charger les voitures. A la prière d'action de grâce, Régis demanda aussi au Seigneur de garder tous les étudiants qui se trouveraient sur la route en voiture pour se rendre au camp.
Elle se retrouva avec son frère et Régis à l'arrière de la voiture de ce dernier. Pendant le trajet, les garçons lui détaillèrent le paysage, lui signalant le Haut-Koenigsbourg, château-fort médiéval perché au sommet d'un mont des Vosges et visible de la plaine d'Alsace. Ils eurent même l'occasion de voir circuler le nouveau train orange de la SNCF, dont la motrice était profilée comme un avion, qui profitait de la rectitude des voies entre Strasbourg et Colmar, pour faire ses premiers essais à grande vitesse.
A partir de Colmar, ils commencèrent à grimper la petite route de montagne qui devait les amener sur le lieu du camp. Les Navigateurs avaient loué le bâtiment d'une colonie de vacances dans les Vosges.
A leur arrivée, ils furent accueillis par les étudiants chrétiens chargés de la logistique qui les répartirent chacun dans le dortoir qui leur avait été assigné. Lisbeth se retrouva dans la même chambrée que Christine et Annie. Ce qui la rassura, car elle craignait de se sentir perdue au milieu d'inconnues.
Pendant le camp, il y avait deux réunions spirituelles chaque jour, la première le matin, la seconde le soir. L'après-midi était réservée à des activités récréatives, jeux, randonnées, visites de sites remarquables, organisées soit pour tous les participants ensembles, soit par petite équipe. Pendant les réunions plénières du matin et du soir, après quelques chants de louanges, un orateur proclamait un message à partir d'un texte des Saintes Écritures.
Ce soir là, le texte de la Bible étudié était l'histoire de Naaman, le syrien extrait du deuxième livre des Rois, au chapitre cinq. C'est l'histoire d'un général syrien qui était lépreux. Ce général, malgré sa maladie avait accompli des exploits et était très apprécié de son entourage. Une petite fille israélite au service de son épouse lui signala l'existence d'un prophète en Israël capable de guérir la terrible maladie. Et Naaman décida d'aller le consulter pour être purifié.
L'orateur signala l'importance des disciplines chrétiennes :
Du témoignage pour les chrétiens, car si la petite fille n'avait pas osé parler à la femme du général syrien (verset 3), qu'elle pouvait pourtant considérer comme un ennemi car elle était prisonnière en Syrie, celui-ci n'aurait jamais entendu parler du prophète qui était capable de le guérir.
De l'intercession, par la prière, en rapport à la lettre écrite par le roi de Syrie au roi d'Israël (versets 5 et 6), car envoyer un général du renom de Naaman en Israël, aurait pu provoquer une guerre.
De la proximité avec la Parole de Dieu, car si le roi d'Israël avait vécu dans l'intimité du prophète Elisée qui portait la Parole de l’Éternel, il n'aurait pas été effrayé par la sollicitation du roi de Syrie et il n'aurait pas déchiré ses vêtements dans la colère (verset 7 et 8).
Puis s'adressant aux non chrétiens, il détailla l'attitude de Naaman :
Naaman est conscient de sa maladie et que celle-ci est mortelle. Tous les hommes sont pécheurs. La Bible dit :
Car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu.
Romains 3:23
Et le péché est comme la maladie de Naaman : mortelle. La Bible dit :
Car le salaire du péché, c'est la mort.
Romains 6:23
Naaman écoute la parole de Dieu par la petite fille qui est la servante de son épouse. Il aurait pu mépriser son avis. Après tout, ce n'était qu'une servante, étrangère par dessus le marché.
Naaman décide d'aller trouver le prophète (verset 9). En cela, il décide de s'approcher à la source de la Parole de Dieu. La Parole de Dieu se trouve dans la Bible qui dit :
Christ aussi a souffert une fois pour les péchés, lui juste pour des injustes, afin de nous amener à Dieu, ayant été mis à mort quant à la chair, mais ayant été rendu vivant quant à l'Esprit.
I Pierre 3:18
Naaman se met en colère (verset 11), contre la parole du prophète et n'accepte pas l'apparente facilité de ce qu'il faut faire pour être guéri. C'est souvent ce l'on ressent lorsque Dieu nous interpelle, par sa Parole : de la colère.
Naaman se repent sur la parole de ses serviteurs :
Mon père, si le prophète t'eût demandé quelque chose de difficile, ne l'aurais-tu pas fait ? Combien plus dois-tu faire ce qu'il t'a dit : Lave-toi, et tu seras pur !
II Rois 5:13
Là encore, Naaman reçoit l'enseignement d'un plus humble que lui. Naaman accepte d'obéir à la parole du prophète. Et il est guérit :
Il descendit alors et se plongea sept fois dans le Jourdain, selon la parole de l'homme de Dieu ; et sa chair redevint comme la chair d'un jeune enfant, et il fut pur.
II Rois 5:14
Non seulement, il fut guéri, mais il fut régénéré.
Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle.
Jean 3:16
Naaman fait demi-tour pour retourner voir le prophète et décide de n'adorer que l’Éternel (versets 15 à 17). Il se convertit.
— Je m'adresse maintenant à ceux qui n'ont pas encore pris une décision claire pour suivre Jésus dans leur vie de tous les jours. Comme pour Naaman, une décision s'impose si tu veux être guéri de tous tes péchés et pouvoir vivre en paix dans l'intimité du Seigneur. Voici les paroles de Moïse, parlant au nom de Dieu :
J'ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta postérité, pour aimer l’Éternel ton Dieu, pour obéir à sa voix, et pour t'attacher à lui : car de cela dépendent ta vie et la prolongation de tes jours.
Deutéronome 30:19-20
Lisbeth repensa à ce que lui avait dit une fois, le Père Kenneth, le curé de Galdwinie, là où résidaient ses grands-parents paternels, en décrivant le crest, l'emblème de sa famille :
— Les trois épées, plantées en terre en signe de paix, sont disposées comme les trois croix du calvaire, pour rappeler qu'avec Jésus, deux brigands ont été crucifiés. Et que l'un deux à choisi de mettre sa confiance en Jésus. Ce qui en fit le premier homme à se trouver avec lui au Paradis. Alors que l'autre se détourna de Lui. Cela montre que chaque être humain est responsable de choisir l'une ou l'autre voie. Que ce choix est possible jusqu'à l'ultime instant. Que ce choix est possible, quel que soit le passé.
L'orateur continuait sa prédication :
Car le salaire du péché, c'est la mort; mais le don gratuit de Dieu, c'est la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur.
Romains 6:23
— Mon frère ! Ma sœur ! Veux-tu aujourd'hui choisir la Vie ? Alors lève-toi et approche-toi ! Maintenant ! Lança l'orateur.
— OUI ! De tout mon cœur ! OUI ! De toute mon âme ! pensa Lisbeth en se levant pour répondre à l'appel.
Elle avait entendu le témoignage de ses cousins Sharon et Michael, puis celui de son frère Johan. Elle avait assisté à la conversion de la petite Megan. Maintenant, elle comprenait enfin, au plus profond de son être, le sens du sacrifice de Jésus sur la croix et de sa résurrection, décidant de Le suivre, Lui, l'Agneau de Dieu qui lave une fois pour toute l'iniquité du monde (Jean 1:29), Celui qui guérit toutes les maladies, Celui qui, seul, pouvait donner un sens à sa vie, Celui qui avait mis au fond de son coeur le désir de soigner les autres.
Pendant ce temps la, quelqu'un entonna un cantique, suivit par toute l'assistance :
Tel que je suis, sans rien à moi
Sinon ton sang versé pour moi !
Et ta voix qui m'appelle à toi,
Agneau de Dieu, je viens, je viens !
Tel que je suis, bien vacillant,
En proie au doute à chaque instant,
Lutte au dehors, crainte au dedans,
Agneau de Dieu, je viens, je viens !
Tel que je suis, ton cœur est prêt
À prendre le mien tel qu'il est,
Pour tout changer, Sauveur parfait,
Agneau de Dieu, je viens, je viens !
Tel que je suis, ton grand amour
A tout pardonné sans retour ;
Je veux être à toi dès ce jour,
Agneau de Dieu, je viens, je viens !
1 CROUSS - Centre Régional des Œuvres Universitaires et Scolaire de Strasbourg.
2 FEC - Foyer de l'Etudiant Catholique.

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